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En Birmanie, la conscription obligatoire suscite la panique

La conscription, annoncée le 10 février par la junte militaire birmane pour tous les hommes âgés de 18 à 35 ans, provoque la panique en Birmanie : des milliers de Birmans cherchent depuis à sortir du pays ou à rejoindre la résistance. « A Rangoun, l’ambassade de Thaïlande a dû mettre en place [le 21 février] un système pour limiter à 400 le nombre de demandeurs de visa par jour par inscription électronique. Au début, il y avait plusieurs milliers de personnes, les gens attendaient la nuit », explique, depuis cette ville birmane, un jeune militant prodémocratie, l’un des rares encore sur place dans un petit groupe décimé par les arrestations. Il souhaite être désigné par le pseudonyme de « Robert ».
Six millions d’hommes appartiennent à cette classe d’âge dans ce pays de près de 55 millions d’habitants. La junte a clarifié, le 1er mars, que les femmes n’étaient pas concernées pour l’instant par ce service militaire obligatoire. Les personnes poursuivant des études, s’occupant de parents âgés ou suivant un traitement médical bénéficieront, elles, d’une « suspension temporaire ». Ce qui ne rassure personne : l’armée a la sinistre réputation de se livrer à des recrutements forcés.
La mesure reste tout de même un signe de faiblesse. Saignées par les attaques de la résistance armée, haïes pour le coup d’Etat de février 2021 et les exactions qui ont suivi, les forces armées birmanes peinent à recruter.
L’objectif affiché est d’enrôler 5 000 personnes par mois, tous profils confondus. Soit 60 000 personnes par an. La junte militaire a promulgué une loi datant de 2010, mais jamais appliquée : paradoxalement, la transformation d’une armée de métier en une armée de conscrits avait toujours été repoussée par les juntes successives, soucieuses de cultiver la loyauté de leurs soldats.
De son côté, le gouvernement souterrain de la résistance (NUG) a déclaré cette conscription « illégale » et promis son assistance à ceux qui veulent gagner le maquis. Beaucoup de jeunes préfèrent quitter le pays, souvent sans visa : certains pays de la région offrent quinze jours d’exemption pour les touristes birmans – au risque de se retrouver dans l’illégalité plus tard.
« Le problème, c’est que beaucoup de jeunes n’ont pas de passeport. Or, la junte a mis en place en 2023 un système de carte d’identité électronique. Avant, tout était manuel. Désormais, on doit enregistrer ses données biométriques, indispensables pour obtenir un passeport. Mais si vous avez eu une quelconque activité liée à des protestations, ou avez été arrêté, vous ne l’obtenez pas », poursuit Robert. La mise en place des cartes d’identité électronique a été présentée par la junte comme nécessaire à la tenue d’élections – la situation d’instabilité permanente empêche de les organiser.
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